L'histoire de la littérature française au XIXe siècle
peut se diviser en trois périodes aux limites indécises.
La première, qui occupe une
grande partie de la première moitié du siècle, est la période romantique, dont
on peut trouver les racines chez Rousseau. Les initiateurs du
romantisme, Chateaubriand et Mme de Staël furent
aussi les précurseurs de la renaissance qui suivit la stagnation momentanée
produite par la période révolutionnaire; ce réveil littéraire fut dû aussi à
l'infuence des chefs-d'oeuvre des littératures anglaise et allemande. Chateaubriand qui défendit
le christianisme et le Moyen âge intronisa le "moi" dans la littérature, renouvela
l'imagination française. Quant à Mme de Staël, qui initia ses contemporains à
des beautés jusque-là méconnues, elle fit prévaloir l'inspiration sur la
discipline, exalta la vie sentimentale.
La seconde période a été
qualifiée de réaliste puis de naturaliste. Le romantisme ayant été dévoré
par ses ardeurs, une réaction se fit dans le tempérament moral du siècle, qui
répudia le lyrisme, la fantaisie, et voulut réduire l'art à ne plus être qu'une
anatomie du réel. Cela dura une trentaine d'années.
Puis, dans le dernier quart du
XIXe, siècle, de nouvelles tendances se sont fait jour, d'où
procédèrent tout d'abord une renaissance du roman psychologique et surtout
de nouvelles conceptions de la poésie. Cette troisième, que l'on pourrait
prolonger jusqu'au seuil de la Première Guerre mondiale, est en fait difficile de la
définir par un mot unique, et, si ce qu'on appelle le symbolisme en caractérise
certaines tendances, elle a pour trait essentiel la libre diversité de l'art.
Le théâtre.
Alexandre Dumas, Victor Hugo, Alfred de Vigny,
Frédéric Soulié et quelques autres, inaugurent un genre nouveau : le drame, libéré des conventions classiques, mêlant la comédie avec la tragédie, substituant aux abstraites
figures de l'art classique des individus vivant, d'une vie réelle et complète.
Ils donnèrent des oeuvres dont la représentation fut ordinairement accompagnée
de scènes de pugilat et même de batailles en règle, entre les membres des
partis littéraires opposés. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs années que la
victoire resta aux jeunes, à ceux qui défendaient les nouvelles doctrines.
Parmi les pièces qui excitèrent surtout l'enthousiasme et la critique, on peut
citer: Henri III et sa cour, Antony, Térésa et Angèle, de Dumas; Ruy
Blas, Hernani, Marion Delorme, Lucrèce Borgia et Le Roi
s'amuse de Victor Hugo.
Un mouvement de réaction se
produisit pourtant lorsque Rachel commença à interpréter
les tragédies de Corneille et de Racine;
mais la Lucrèce de Poissard et la Virginie de
Latour Saint-Ybars n'obtinrent qu'un succès éphémère. Casimir Delavigne tenta de concilier les
systèmes romantique et classique dans Marino Faliero, dans les Enfants
d'Edouard et dans Louis XI. Pendant ce temps, Eugène Scribe augmentait
chaque jour l'énorme recueil de ses comédies ou, pour mieux dire, de
ses vaudevilles. Quand, il s'avéra que le
drame romantique avait bien fait son temps. De nouveaux venus se sont attachés
à bien saisir la réalité contemporaine et à la rendre avec une forte
exactitude.
Alexandre Dumas, qui poursuit son
oeuvre, crée un théâtre où l'étude fournit tous
les matériaux, où la logique les met en oeuvre, où personnages et événements
sont asservis à la démonstration d'une thèse. Augier n'a pas la vigueur,
l'éclat, la rectitude un peu tendue de Dumas, mais ses pièces ont un jeu plus
libre, une carrure plus large, et il y met sans doute plus d'humanité. Becque,
pour sa part, se rapproche le plus possible de la nature et répudie ce qu'il
restait encore de conventionnel chez Dumas et Augier. Puis, après les violences
systématiques du Théâtre-Libre, voici une nouvelle génération d'auteurs
dramatiques qui donnent au naturalisme une germe plus souple ett introduisent
dans la comédie autant d'analyse morale
qu'elle peut en admettre.
Le roman.
Dès le début du siècle, le genre romanesque se développe dans
tous les sens. C'est, après René de Chateaubriand et Corinne de Mme de Staël,
tout lyriques, le roman personnel d'analyse, le roman historique, et surtout le
roman de moeurs contemporaines, idéaliste avec George Sand, réaliste avec le
subtil et artificieux Stendhal,
avec le précis et sobre Prosper Mérimée,
avec Honoré de Balzac.
Balzac et George Sand s'égalent, en un genre considéré jusque-là comme frivole,
aux plus grands noms de la littérature française. L'une y porte d'abord son
exaltation sentimentale, puis elle s'apaise, et, toujours éprise du même idéal,
l'exprime en des idylles tantôt champêtres, tantôt bourgeoises, qui sont la
partie la plus durable de son oeuvre. Quant à Balzac, malgré ce qu'il y a en
lui d'imaginatif et, presque de visionnaire, c'est un réaliste par sa philosophie scientifique, et parce
qu'il a fait du roman une oeuvre essentiellement documentaire.
Après que la vague romantique
fut passée, le roman accuse toujours davantage ce caractère positif et analytique que
lui avaient déjà imprimé les ancêtres du réalisme. Il devient un instrument
d'enquête. Gustave
Flaubert, chez lequel. il y a beaucoup d'un romantique, est naturaliste par soit
impersonnalité. Bien inférieur à Balzac pour la richesse et la
puissance, il le surpasse commee artiste, et sa perfection d'écrivain lui fait
une place à part.
Edmond et Jules de Goncourt unissent
au goût de l'exactitude scientifique une sensibilité nerveuse qui se marque par
leurs raffinements et leurs contorsions, mais dont ils tiennent leur singulière
aptitude à rendra la vie elle-même dans son actualité flagrante. Emile Zola, chef et théoricien du
naturalisme, voudrait n'être qu'un descripteur du réel, mais tourne de plus en
plus à l'idéalisme symbolique, vers lequel l'entraîne sa puissante imagination. Alphonse Daudet allie
l'observation et la poésie, la force et la grâce, l'ironie et la tendresse, la
virtuosité d'un styliste et la spontanéité d'un improvisateur. Maupassant, entre tous les romanciers du
XIXe siècle, est, celui qui mérite le mieux le nom de
naturaliste : il se borne à cueillir les images que lui offre le monde pour les
rendre telles quelles et sans déformation.
A la fin du siècle, le roman continue d'être le
plus riche des genres littéraires; tour à tour psychologique ou physiologique,
individuel ou social, oeuvre d'imagination ou d'analyse, étude de moeurs ou de
caractères. les romanciers l'accommodent à toutes les formes. chacun d'eux
suivant son tempérament propre et sans qu'aucune de ces formes évince Ies
autres.
Outre ces maîtres dans l'art
du roman que l'on vient de nommer, nous devons mentionner leurs contemporains : Benjamin
Constant, Etienne de Sénancourt, Eugène Sue, Frédéric Soulié, Alphonse Karr, Alfred de Musset,
Paul de Kock, Mme Charles Reybaud, Mme Emile de Girardin, Théophile
Gautier, Charles de Bernard, Eugène Fromentin, Barbey d'Aurevilly,
Elie Berthet, Ponson du Terrail, Jules Sandeau, Emile
Souvestre, Paul Féval et
Méry; plus tard, Henri Mürger, Alexandre Dumas
fils, Léon Gozlan,
Arsène Houssaye, Champfleury, Ernest Feydeau, Emile Gaboriau, Octave Feuillet,
Hector Malot, Edmont About, Cherbuliez, Erckmann-Chatrian (deux
collaborateurs), Adolphe Belot, Catulle Mendès, Jules Vallès, Jules Verne,
etc.
La poésie.
En France,
la poésie est loin d'être aussi goûtée que le roman. Cependant quatre poètes du XIXe siècle ont obtenu de
leurs contemporains une popularité égale à celle de n'importe quel prosateur;
ce sont Béranger, Lamartine, Victor Hugo et Alfred de Musset.
Parmi les autres poètes qui furent appréciés en leur temps, citons : Casimir Delavigne, Auguste Barbier, Victor de
la Prade, Théophile
Gautier, Jasmin (le
barbier poète que ses écrits en langue d'oc ont rendu
populaire dans le midi de la France et fameux partout ailleurs), l'écrivain
provençal Frédéric Mistral.
Il s'en faut de beaucoup que la postérité place ces noms au même niveau. Et les
jalons que l'on suit aujourd'hui pour caractériser le siècle n'en retiennent
que certains (Lamartine, Hugo, Musset, Gautier), et en ajoutent d'autres
(Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé,
Apollinaire, etc.).
Quoi qu'il en soit, c'est dans
la poésie lyrique que se signala d'abord
la génération des romantiques : Lamartine, qui ne sait que son âme, ou
plutôt qui, sans ni même la savoir, l'exhale en effusions soudaines et presque
involontaires, le plus naturellement, le plus spontanément poète entre ses
contemporains; Victor Hugo,
le chef d'école, le rénovateur de la langue et de la versification, génie
puissant, fécond, divers, brillant peintre du monde extérieur, profond
interprète de l'âme et de la conscience, incomparable par sa richesse
d'invention verbale; Vigny,
grave et méditatif, qui exprime sa personnalité, sans se mettre en scène, par
des svmiboles épiques ou dramatiques; Musset, qui chante la passion toute
chaude encore, la crie, au moment même, dans sa douloureuse ferveur; Sainte-Beuve, enfin, qui applique d'abord
à la poésie la curiosité d'un moraliste et crée l'élégie psychologique.
Se dégageant du subjectivisme
romantique, Leconte de Lisle affecte l'impassibilité, réprime, dans ses amples
tableaux du genre humain à travers les âges, toute émotion personnelle qui
altérerait ou violerait la majesté de l'art. Après lui, l'école du Parnasse,
auquel ont le ratache (ansi que Théodore de Banville, José-Maria de
Hérédia, etc.) se signale par un respect superstitieux de la forme. Ancien
romantique devenu Parnassien, Théophile Gautier proposa pour
unique objet de la poésie la représentation du monde visible. Sully Prud'homme,
pour sa part, exprime son âme en psychologue qui met la poésie au service de
l'analyse; François Coppée décrit avec un soin minutieux les réalités
familières.
Quant à Baudelaire, ce qu'il y a de plus
caractéristique chez lui, c'est-à-dire sa mysticité sensuelle, en fera, vingt
ans après sa mort; un initiateur du symbolisme - conception de la poésie
opposée à celle du Parmasse. Tandis que les Parnassiens rendaient avec une
exacte précision des formes sensibles, les jeunes poètes inventèrent une forme
d'art plus musicale que pittoresque, et prétendirent, non pas exprimer ce qui
se délinit, mais évoquer et suggérer ce qui est indéfinissable. Le naturalisme
avait fait banqueroute. Rimbaud, Verlaine et Mallarmé,
en attendant Apollinaire avaient désormais emboîté le pas à Baudelaire et
annonçait un âge nouveau pour la poésie.
En marge de la littérature.
Si l'on s'écarte du cadre de la littérature proprement dite, pour
considérer d'autres domines tels que la philosophie,
la critique ou les sciences par exemple, on rencontre aussi des auteurs qui se
sont révélés de remarquables écrivains.
Ainsi, l'histoire, qu'a
vivifiée Chateaubriand, prend un éclat jusqu'alors
inconnu. Elle est, romantique avec Augustin Thierry, qui la colore de son
imagination et l'anime de sa svmpathie; son Histoire de la conquête de
l'Angleterre par les Normands est un modèle de narration dramatique.
Romantique encore, avec Michelet,
qui fait vivre l'histoire sous nos yeux; qui la
vit lui-même, et pour lequel, à vrai dire, elle est une sorte de confession
lyrique. Guizot,
méthodique et hautain, veut en assujettir les accidents à l'austère fixité de
lois générales; son Histoire générale de la civilisation en
Europe et ses autres ouvrages sont des monuments d'histoire
philosophique. Thiers y
applique son lucide esprit de praticien. Renan par sa Vie de
Jésus et Taine par
son Histoire de la littérature anglaise ainsi que par ses
ouvrages sur les arts, sont ceux qui ont le plus attiré l'attention. Mais on
doit aussi nommer Sismondi et
Henri Martin, qui, comme Michelet, ont écrit les histoires générales de France des
plus estimées. Parmi les autres écrivains célèbres qui ont cultivé le genre
historique on trouve également : Lamartine, Villemain, Amédée Thierry, Vaulabelle,
Garnier-Pagès, Lanfrey et
Taille Detord, Mignet et Louis Blanc. Mentionnons enfin Fustel de Coulanges, qui applique applique à
l'histoire une objectivité jalouse; après Fustel, l'histoire sort de la
littérature pour se réduire à de minuteuses monographies.
En archéologie, le XIXe siècle
brille par les travaux de Letronne,
de Raoul-Rochette, de Beulé,
de Belloguet, de de Rivière, de Lartet et de Quatrefages. Champollion, en trouvant la manière de
déchiffrer les hiéroglyphes, jeta une vive lumière sur
l'antique Egypte.
L'étude des langues orientales, à laquelle Silvestre de Sacy a donné une grande
impulsion, a été ensuite continuée avec succès par de Saulcy, Renan,
Oppert et Ménant pour les langues sémitiques. Lenormant, Mariette,
Chahas et de Rougé se sont fait une renommée comme égyptologues. Les ouvrages
d'Abel de Rémusat, de Stanislas Julien, de Burnouf, de Rosny et d'Hervey de
Saint-Denis n'ont pas peu contribué à propager en occident l'étude des langues chinoise, japonaise et sanscrite.
En philosophie, Victor Cousin,
l'avocat de l'éclectisme et du spiritualisme, a été suivi par Jouffroy , Damiron , Emile Saisset, Amédée Jacques, Vacherot, Paul Janet, Adolphe Franck et Jules Simon.
En dehors de l'école éclectique, quatre philosophes d'une grande originalité et
d'une puissance extraordinaire, ont brillé chacun dans sa sphère propre, ce
sont : Joseph de
Maistre, apologiste du pouvoir absolu; de Bonald, champion de la monarchie et
de l'Eglise; Ballanche, un rêveur mystique; et Lamennais, qui, après avoir été un
défenseur hardi et indépendant de la papauté, se fit ensuite l'avocat de la
démocratie pure. Le Cours de philosophie positive d'Auguste Comte expose
un système philosophique, qui fut adopté par de nombreux adeptes dans les pays
étrangers. Les plus notables des écrivains qui se sont occupés des sciences
sociales sont, sans contredit, Saint-Simon et Fourier. Pierre Leroux,
Louis Blanc et Proudhon sont
en quelque sorte leurs disciples.
Les diverses branches des sciences naturelles ont servi de sujet à des
écrivains de talent, tels que Lamarck, Jussieu, Cuvier, Lacépède, Candolle, Latreille, Etienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Duméril et Alcide d'Orbigny. Elie
de Beaumont, Beudant et
Dufrénoy se sont occupés de minéralogie; Lavoisier a traité la chimie; Thénard, Gay-Lussac, Berthollet, Despretz, Pasteur, Berthelot, Chevreul et Dumas se sont adonnés à la physique et à la chimie. La littérature
médicale a été enrichie par les ouvrages de Bichat, de Broussais, de Corvisart, de Magendie,
de Trousseau, de Claude Bernard, de Broca et de beaucoup
d'autres. Les sciences mathématiques furent
brillamment cultivées par Lagrange,
par Laplace,
par Ampère,
par Biot,
par Leverrier et surtout par Arago.
L'économie
politique et la philosophie ont
eu aussi leurs écrivains estimables : Michel Chevalier, Léon Faucher, Rossi, Adolphe Blanqui, Frédéric Bastiat,
André Cochut, Beaumont et Tocqueville. Comme écrivains politiques,
il faut citer : Armand Carrel,
Courrier et Cormenin; comme essayistes et critiques littéraires : Silvestre de Sacy, Saint-Marc Girardin, Philarète
Chasles, Prévost-Paradol, Cuvillier-Fleury, Renan,
Hippolyte Rigaud, Edmond Schérer, Caro, Jules Janin, Gustave Planche et Sainte-Beuve. Charles de
Rémusat et Albert de Broglie ont traité les sujets historiques en se
plaçant à leur point de vue philosophique et religieux.
La critique, enfin, de
dogmatique et rationnelle qu'elle avait été jusque-là, devient explicative,
comparative, se renouvelle par le sens historique, par la psychologie. par la physiologie même.
Après Villemain, elle a pour principal
représentant Sainte-Beuve, plus exact et plus curieux,
qui en fait je ne sais quelle "herborisation", une sorte d'histoire naturelle, où la sagacité du savant
s'allie à la délicatesse de l'artiste. A partir de la seconde moitié du XIXe siècle,
la critique domine tout le développement de la littérature française. Elle est représentée par Taine et
par Renan.
Où Renan met ses scrupules de casuiste, ses ironies de dilettante; Taine porte
la candeur brutale d'un géomètre. A la fin du siècle, il y a eu comme une
restauration du dogmatisme classique, qui se renouvelle et peut-être se dément
lui-même en appliquant la méthode évolutive, mais ce qui domine, c'est l'impressionnisme, et l'impressionnisme
repousse toute doctrine et tout système.
Terminons en citant les noms
de Charles Blanc, Théophile
Gautier, Edmond About, Paul de Saint-Victor, Léon Delaborde, Vitet et
Delécluze, qui se sont particulièrement occupés de critique de beaux-arts; et
Delécluze, Fétiz, Hector Berlioz,
Fiorentino et Scudo, de matières musicales. (NLI).
Dès le début du siècle, le genre romanesque se développe dans tous les sens. C'est, après René de Chateaubriand et Corinne de Mme de Staël, tout lyriques, le roman personnel d'analyse, le roman historique, et surtout le roman de moeurs contemporaines, idéaliste avec George Sand, réaliste avec le subtil et artificieux Stendhal, avec le précis et sobre Prosper Mérimée, avec Honoré de Balzac. Balzac et George Sand s'égalent, en un genre considéré jusque-là comme frivole, aux plus grands noms de la littérature française. L'une y porte d'abord son exaltation sentimentale, puis elle s'apaise, et, toujours éprise du même idéal, l'exprime en des idylles tantôt champêtres, tantôt bourgeoises, qui sont la partie la plus durable de son oeuvre. Quant à Balzac, malgré ce qu'il y a en lui d'imaginatif et, presque de visionnaire, c'est un réaliste par sa philosophie scientifique, et parce qu'il a fait du roman une oeuvre essentiellement documentaire.
A la fin du siècle, le roman continue d'être le plus riche des genres littéraires; tour à tour psychologique ou physiologique, individuel ou social, oeuvre d'imagination ou d'analyse, étude de moeurs ou de caractères. les romanciers l'accommodent à toutes les formes. chacun d'eux suivant son tempérament propre et sans qu'aucune de ces formes évince Ies autres.
En France, la poésie est loin d'être aussi goûtée que le roman. Cependant quatre poètes du XIXe siècle ont obtenu de leurs contemporains une popularité égale à celle de n'importe quel prosateur; ce sont Béranger, Lamartine, Victor Hugo et Alfred de Musset. Parmi les autres poètes qui furent appréciés en leur temps, citons : Casimir Delavigne, Auguste Barbier, Victor de la Prade, Théophile Gautier, Jasmin (le barbier poète que ses écrits en langue d'oc ont rendu populaire dans le midi de la France et fameux partout ailleurs), l'écrivain provençal Frédéric Mistral. Il s'en faut de beaucoup que la postérité place ces noms au même niveau. Et les jalons que l'on suit aujourd'hui pour caractériser le siècle n'en retiennent que certains (Lamartine, Hugo, Musset, Gautier), et en ajoutent d'autres (Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, etc.).
Si l'on s'écarte du cadre de la littérature proprement dite, pour considérer d'autres domines tels que la philosophie, la critique ou les sciences par exemple, on rencontre aussi des auteurs qui se sont révélés de remarquables écrivains.
Les diverses branches des sciences naturelles ont servi de sujet à des écrivains de talent, tels que Lamarck, Jussieu, Cuvier, Lacépède, Candolle, Latreille, Etienne et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Duméril et Alcide d'Orbigny. Elie de Beaumont, Beudant et Dufrénoy se sont occupés de minéralogie; Lavoisier a traité la chimie; Thénard, Gay-Lussac, Berthollet, Despretz, Pasteur, Berthelot, Chevreul et Dumas se sont adonnés à la physique et à la chimie. La littérature médicale a été enrichie par les ouvrages de Bichat, de Broussais, de Corvisart, de Magendie, de Trousseau, de Claude Bernard, de Broca et de beaucoup d'autres. Les sciences mathématiques furent brillamment cultivées par Lagrange, par Laplace, par Ampère, par Biot, par Leverrier et surtout par Arago.
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